dimanche 28 septembre 2008

Une incursion à la Photokina

Une incursion à la Photokina, le temps d'un samedi.

Arrivée le matin vers 10:30 d'un coup de S-Bahn, la station Messe-Deutz est juste un arrêt après la Hauptbanhof, les lieux sont gigantesques, la foule déjà se forme sous un soleil qui s'annonce radieux et je me surprends à penser qu'on serait mieux à baguenauder en ville plutôt que de s'enfermer dans ce temple de la consommation et de la technologie.

Mais bon, ça ne dure pas longtemps, on n'est pas venu de Belgique pour le soleil allemand, alors on y va gaiement, après tout on est frais avec une nuit à l'hôtel local. On a nos sacs photo, en version réduite, et pas mal de visiteurs entreprennent de faire prendre l'air à leur reflex numérique.

Alors, d'emblée, on voit que les stands des vedettes seront inaccessibles : pour le 5D Mark II de Canon, qui aurait bien intéressé Natasha, ou l'Alpha 900 de Sony, c'est au moins une demi-heure de piétinades. On s'abstiendra, et on ira voir, peut-être, en magasin quand le moment sera venu. L'Alpha 900 est en vitrine statique, il a l'air bien imposant et son prisme très apparent lui donne un petit côté rétro.

Le stand de Pentax d'abord : jeunes gens compétents, essais libres, un petit coup de DA21 Limited pour moi, sans vraie motivation, puisque j'ai déjà un DA12-24, le FA77 Limited pour Natasha, qui l'aime bien, on apprécie le bokeh, mais tout ça n'est pas vraiment nouveau. Le DA15/4, dieses können wir probieren? Nein, das ist noch nicht möglich, et ce ne sera pas avant novembre, nous dit l'assistant Pentax, dommage car c'est un bel objet. Un équivalent 22mm, ça serait pas mal dans ce format compact. Mais on fait mieux hors des reflex, on verra ça plus loin.

Tant pis, on regarde le petit K-m au passage, format bien réduit, un K10D sous une livrée mini et moins costaud, il y a deux ans ça aurait fait sensation, mais aujourd'hui il en faudrait plus pour créer l'émeute, d'ailleurs le stand, très grand et relativement aéré, n'est, on dirait, fréquenté que de ... Pentaxistes.

Un tour vers Samsung alors, qui sera rapide, car ils n'y a presque rien à voir en matière de photo, si ce ne sont quelques GX20 alignés, chichement dotés d'un objectif de kit ou d'équivalents des DA50-200. Est-ce qu'ils y croient encore ? On en doute. Leur effort est axé sur les téléviseurs et imprimantes, après une annonce d'un compact à objectif interchangeable.

Sony ensuite. Un beau rappel de l'histoire de Konica-Minolta, tous les appareils anciens en vitrine, ils veulent se réclamer de cet héritage, c'est sûrement apprécié.

Allons chez Mamiya, je suis intrigué depuis un moment par leur offre, pas seulement numérique. Le ZD, mais aussi et surtout le solide et rénové RZ 67, qu'ils présentent dans sa dernière itération Pro II-D. Comme son nom l'indique, c'est un 6x7 très apprécié, notamment pour la photo rapprochée.

Je regardais cet appareil depuis un moment, craignant pour le poids du boitier, agréable surprise, avec le viseur de poitrine c'est plus supportable que ce que je pensais. Le levier de réarmement est doux, tous ça inspire confiance. Pourtant, ça bloque, et ça n'est pas une fausse manipulation de ma part. L'assistant, Japonais du Japon, nettoie les contacts puis se confond en excuses car cet exemplaire est décidément rétif.

Il finit par trouver l'autre boitier RZ qui fonctionne, sous le regard de Natasha, extrêmement dubitative quand elle voir arriver l'engin, muni d'un gigantesque fisheye. Comme tous les non-initiés j'ai ma minute de stupidité en cherchant à faire la mise au point avec la bague, mais bien sûr il faudra jouer de la molette de mise au point fine sur le boitier. Plus tard, encore chez Mamiya, essai du 645 AFD-II équipé d'un dos ZD 22 mégapixels, en visée classique via le prisme, je déclenche autour de moi, l'autofocus est, disons, convenable. L'appareil, agréable à tenir, assez léger, finalement comparable à mon vieux Pentax 645.

Pourquoi pas aller voir à côté, dans le temple des Bladistes ? Hasselblad promeut le HD-31, un modèle prend des poses hiératiques, mitraillée par une quinzaine d'apprentis photographes de studio. Pour essayer l'engin, s'incrire sur un site Web, pour certains ça prend des allures d'épreuve, la mignonne assistante compatit et me passe un badge, armé d'un beau HD-31 avec son 50-110mm, je prends mes cinq minutes de shoot. En périphérie, juste après la barrière, certains prennent l'occasion de mitrailler tous formats numériques confondus.

C'est pas si lourd tout ça, la poignée est bien positionnée, l'autofocus suffisamment rapide pour ce genre d'exercice, le modèle agréable à regarder. Zooms avant, arrière, mise au point centrale et décalage, réglage de l'ouverture à la molette, petit écran de rappel sur la poignée, tout ça tourne bien, déclenchement présent mais pas trop, c'est agréable. Je rends le HD-31, impressionné, et pas le seul, c'est un franc succès chez les visiteurs.

Natasha m'a attendu patiemment, il est bientôt midi, et après une salade grecque et une poitrine de poulet étrange on ne retiendra pas la Kina pour sa gastronomie. Une petite halte crème glacée chez Mövenpick en compagnie des deux filles Minox habillées de latex, assez sollicitées, et retour au affaires avec le pendant de Mamiya, Phase One, très orienté professionnel avec un shoot d'un modèle masculin que Natasha ne trouve pas bien beau.

Ensuite, Sinar, qui offre de mitrailler un petit bateau sous une rampe de flash, et j'ai l'occasion d'essayer leur Hy6, agréable, compact et ergonomique, et sans doute totalement hors de prix. Le constraste est amusant entre le viseur de poitrine, comme sur un vieux 6x6, et cette technologie entièrement numérique qui offre 33 mégapixels. Plus loin, Leaf propose toute une variété de dos sur la base d'un boitier presque identique pour mes yeux non initiés. J'ai l'occasion d'essayer un exemplaire en mode raccordé. Le dos est à écran tactile.

On va se changer du moyen-format, direction le stand de Zeiss, les optiques pour reflex sont en démo et libre-service. Natasha s'essaye au T*85/1.4 en mise au point manuelle sur un Pentax, moi au 24-70/2.8 Vario Sonnar an autofocus, ça fonctionne bien sur un Sony Alpha 700, de mémoire, c'est prévu aussi pour un 24x36, sans doute optiquement irréprochable mais c'est lourd.

Juste à côté, des petits boitiers noirs ou argentés, les petits Zeiss Ikon en monte M, avec les objectifs de la maison, splendides exemples de précision optique. J'en essaye deux, le boitier, superbement fini, rien de superflu, beau levier de réarmement, un vrai plaisir à manipuler, tout coule de source, et surtout le viseur et son télémètre, grand, lumineux et précis. Sous le charme j'échange quelques appréciations avec mon voisin, visiblement aussi enchanté que moi. Note : à l'avenir, essayer de faire la mise au point l'oeil gauche ouvert ... et sans faire la grimace.

J'aurais bien été chez les illustres voisins, qui ont un stand magnifique, mais le Leica M8 ne m'a jamais tenté. Voigtländer, un peu plus loin, et plus modestement, offre aussi de jolies choses, mais ne rend pas l'essai facile, on en restera là côté matériel. Pour mémoire, on a aussi vu de très beaux tirages chez Epson et constaté qu'il y a un vrai intérêt pour le grand format.

Voilà, après c'est un peu de repos grâce à la Lomophotographie sous le slogan "The future is analog", sol tapissé de milliers de photos vignettées et aux couleurs hasardeuses comme le veut le genre. C'est aussi le seul endroit où on peut s'installer sur des transats, et du coup un franc succès.

Puis les expositions photo, avec de très beaux exemples de photojournalisme, une belle et dure série sur l'Afghanistan, une autre ironique, grand angle et fillettes heureuses d'exhiber leurs Kalashnikovs dans l'Ukraine d'avant la Révolution orange, puis, plus consensuelle, une jolie série graphique en macrophotographie.

On termine, retour au S-Bahn et un passage au centre, sur les terrasses, à l'ombre du Dom, mais décidément pourquoi est-il si difficile de trouver une bonne Hefe-Weiss comme la Franziskaner ou la Paulaner ?

La Kölsch locale n'a pas beaucoup d'intérêt. La serveuse ne comprend pas ce que sont des "peanuts" et je ne connais pas le terme allemand pour "cacahuète", c'est "Erdnuss". Pas grave, on mangera en première dans le Thalys.

La bière fait déjà son effet, ça se ressent dans le choix du collimateur de mise au point.






Une fois installés, je mentionne le Zeiss Ikon à Natasha, elle me sourit et n'est pas dupe.